L’Inde, l’Indonésie et le Guatemala bloquent l’inscription d’une formulation du Paraquat sur la liste des pesticides extrêmement dangereux et privent d’autres pays du droit à l’information

A la 7ème Conférence des Parties (COP 7) de la Convention de Rotterdam, qui s’est tenue du 12 au 15 Mai 2015, L’inde et le Guatemala ont une fois encore, avec cette fois ci le soutien de l’Indonésie, bloqué l’inscription du Paraquat (20 %). Les impasses continuelles et l’amiante chrysotile, bloqué pour la cinquième fois, montrent le besoin urgent d’une révision des règles de la Convention de Rotterdam. Seul un produit est inscrit sur les cinq soumis. Les règles de la convention doivent être modifiées afin qu’une poignée de pays ne puisse plus refuser aux autres leur droit à l’information sur le commerce des produits chimiques extrêmement dangereux.

À l’issue des négociations à Genève sur l’inscription des produits chimiques dans la Convention de Rotterdam, Pesticide Action Network (PAN), UITA et la Déclaration de Berne expriment leur profonde inquiétude face à l’échec, une fois de plus, des délégués des pays à s’accorder sur l’inscription d’une formulation mortelle de l’herbicide Paraquat, dans la convention de Rotterdam. A l’entame des délibérations, le Rapporteur spécial de l’ONU a insisté sur les implications des droits humains dans la gestion et l’élimination des substances et des déchets dangereux pour un environnement sain. Il a rappelé aux différents délégués qu’ «il est à la fois légalement et moralement injustifiable que des pays puissent continuer à entraver l’inscription de l’amiante et du Paraquat dans la Convention de Rotterdam. Du fait que l’Inde et le Guatemala, soutenus fortement pas l’industrie des pesticides, s’opposent à l’inscription, les autres pays sont ainsi, encore une fois privés de leur droit à l’information sur le commerce du Paraquat à travers leurs frontières.

Il y a deux ans, à la COP 6, il avait été convenu par consensus que la notification du Paraquat remplissait les conditions pour être listé à l’annexe III de la Convention de Rotterdam. En conséquence, l’écrasante majorité des 150 Parties à la Convention a agréée à l’inscription du Paraquat (20 %). Cependant, l’inscription a été bloquée par le Guatemala et l’Inde. Au cours de la Conférence des Parties de 2013, il a été découvert qu’un représentant de l’industrie déroutait les délégués en parlant indûment au nom du gouvernement guatémaltèque.

Le Burkina Faso a proposé l’inscription de cette formulation sur la liste à cause des intoxications humaines après l’emploi du produit de Syngenta, le Gramoxone super (Paraquat 20 %). L’inscription dans la Convention de Rotterdam n’est pas une interdiction, mais plutôt une exigence en vers les exportateurs qui doivent donner au préalable des informations et obtenir le consentement des pays importateurs avant exportation.

Paul Windinpside Sawa, Directeur général au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable du Burkina Faso déclare : « Ce fut une occasion manquée pour inclure le dichlorure de paraquat (20 %) à l’annexe III de la Convention de Rotterdam. Nous regrettons qu’un petit nombre de pays a bloqué le processus et empêché la majorité d’être en mesure de prendre des mesures pour protéger la santé humaine, en particulier celles des agriculteurs, des travailleurs agricoles et l’environnement. Le Burkina Faso est un pays en développement et le partage de l’information est crucial pour nous ».

« L’inscription de cette formulation du Paraquat à la Convention de Rotterdam est attendue depuis longtemps. Le Paraquat a causé et continue de causer, de nombreux effets graves sur la santé et sème la mort parmi les travailleurs agricoles dans un certain nombre de pays. Paradoxalement, de nombreux pays ne peuvent l’interdire à cause du lobbying agressif de l’industrie des pesticides, en particulier de la compagnie Suisse Syngenta,», déclare Sarojeni Rengam de Pesticide Action Network Asie-Pacifique.

« Le Paraquat est la pire des herbicides et n’a pas d’antidotes. Les agriculteurs et les travailleurs agricoles à travers le monde souffrent de brûlures cutanées et de cécité après avoir utilisé ce pesticide. Sa toxicité est telle qu’une cuillerée à café peut tuer un être humain. Lorsque le pulvérisateur (ULV) est défaillant, les travailleurs couverts d’herbicide décèdent suite à des intoxications par cet herbicide. Il est scandaleux que la procédure d’inscription continue d’être entravée par des Etats aux conflits d’intérêt évidents », ajoute Sue Longley de l’UITA.

C. Jayakumar de Pesticide Action Network India ajoute : «un rapport récent publié par PAN, la Déclaration de Berne et de l’Union Internationale de l’Alimentation et des branches connexes, sur la base des informations collectées dans six États de l’Inde indique que le Paraquat est utilisé dans des conditions à haut risque. Celles-ci comprennent, la pratique courante mais très dangereuse, de vendre le Paraquat dans des sachets plastiques, et le défaut des travailleurs de ne porter aucun équipement de protection individuelle ».

Les experts scientifiques du comité d’évaluation des produits chimiques ont convenu que le Paraquat (20 %), les pesticides Trichlorfon et Fenthion, et d’autres produits chimiques tels que l’amiante chrysotile remplissaient les critères d’inscription à la Convention de Rotterdam. L’entrave de leur inscription par un infirme nombre de pays, montre l’existence d’un problème fondamental sur la mise en œuvre et l’efficacité de la Convention de Rotterdam. Avec la création d’un groupe de travail pour élaborer des solutions pour les pays bloquant l’inscription des produits chimiques et des pesticides, la COP a démarré un processus qui, nous l’espérons, permettra aux parties d’échanger des informations à ce sujet et sur d’autres produits chimiques dangereux dans l’avenir.

 

Pour plus d’information :
François Meienberg, Déclaration de Berne Tél : + 41 79 796 76 12 food@evb.ch

Jayakumar, Pesticide Action Network India, jayakumar.c@gmail.com

Sarojeni V. Rengam, Pesticide Action Network Asie-Pacifique Tél : 604 65 702 71 ou 604 65 60381, sarojeni.rengam@panap.net

Sue Longley, UITA: Tel: +41 79 509 05 11 ; Email: sue.longley@iuf.org